Parfois il n'y a que des mauvais choix ...
Sur le papier, elle et moi nous avons le même âge.
À quelques jours près.
25 ans, l'âge de la jeunesse ...
La comparaison s'arrête là.
Elle est blonde comme je suis brune, elle a les yeux bleus comme je les ai noirs, elle est grande comme je suis petite.
Elle a ce regard surtout ... celui qui montre qu'elle a appris tôt que la vie ne faisait pas de cadeau, jamais, et qu'elle n'en attend plus.
À côté d'elle, il lui serre la main tellement fort qu'on s'attend à entendre les os craquer. Comme s'il espérait la retenir ... ou comme s'il voulait capter le maximum de sa force à elle.
Mais elle ne lui dit rien. Peut-être se dit-elle qu'il a besoin de ça.
Quand elle raconte comment ils avaient vaincu ensemble la maladie il y a quelques années, il tourne la tête.
Moi aussi à sa place j'aurais envie de fuir ... D'être n'importe où plutôt que là, d'effacer les derniers jours.
Ils avaient traversé les traitements, les pleurs, les joies, les bonnes et les mauvaises nouvelles mais avaient gardé de cet épisode un sentiment d'urgence.
La fin des études, le boulot, l'appartement, et comme une évidence : un bébé lancé quelques semaines plus tôt.
Son corps montre les premiers signes de sa grossesse.
L'arrondi qui s'installe.
Et surtout elle rayonne comme seules quelques rares femmes enceintes le font.
Lui au contraire, il semble éteint.
Comme s'il était mort à l'intérieur.
Elle rayonne encore. Elle est tellement calme. Je me demande comment c'est possible.
Cette journée doit être sans doute la pire de sa vie.
Son corps abrite une vie future possible.
Son corps abrite aussi une mort future certaine.
Le cancer est revenu.
Et maintenant il faut choisir.
Impossible de soigner la mère sans causer des lésions irréversibles au fœtus...
Attendre de longs mois que le fœtus soit suffisamment développé pour déclencher l'accouchement et il sera trop tard pour la mère.
Impasse.
Les traitements qui rendent stériles, les risques de ne pas être guérie même en commençant demain, les autres façons de devenir parents ...
Tellement de choses à entendre.
Et ce choix à faire.
Urgent.
Le poids est trop lourd pour lui.
C'est elle qui a décidé...
À côté, il lui broie la main en retenant ses larmes.
nb : pas tout à fait dans le même genre, mais pas loin, je ne peux que vous encourager à aller lire le billet de Béalapoizon. C'était pas fait exprès mais la publication de nos billets se télescopent.