La haine de la foule
J'ai toujours dit qu'internet c'était comme dans la "vraie vie", les gens n'y sont ni pires ni meilleurs.
La mémoire y est aussi courte.
Le changement d'avis aussi rapide.
La réflexion aussi absente.
La distanciation aussi nulle.
L'avantage quand on attend rien de ces congénères c'est qu'on n'est pas déçu.
Ils correspondent strictement à ce qu'on attendait d'eux.
Te souviens-tu de cet article que j'avais écrit il y a 2 mois jour pour jour?
Hier on s'insurgeait avec force de l'execution aux USA d'un homme peut-être innocent.
Aujourd'hui on réclame la mort d'un jeune de 17 ans qui a peut-être probablement possiblement violé et tué une gamine de 13 ans.
Oui je sais, "on" est un con.
Où est la cohérence?
A un moment il faut choisir.
On ne peut pas déclarer avoir de grandes valeurs humanistes ET demander la mort de quelqu'un sous le coup de l'émotion.
Autant je comprends que la famille crie sa douleur et sa colère (on ferait tous pareil), autant j'en ai marre de voir le reste des gens hurler comme une meute de loups décérébrés.
J'ai surtout l'impression que cette affaire n'est qu'une excuse pour déverser sa haine. Peu importe la victime, pas la peine de faire les faux-culs dans 2 semaine - un mois au pire - tout le monde aura oublié, obnubilé par une autre histoire à haute charge émotionnelle.
On se croirait revenu au temps des executions publiques quand la foule se repaissait de l'écartelement d'un condamné.
Vomir, vomir, vomir sur l'autre. Le laminer à coup de mots à défauts de coups de pied dans une espèce d'hystérie collective.
Les commentaires sur le net (ou en vrai) sur cette affaire sont absolument ahurissants et je ne parle pas des supers hashtags qui circulent sur Twitter où chacun crache sa haine.
Je ne sais pas si on se sent mieux après ça, je n'ai pas participé pour voir.
Moi ça me laisse juste un mauvais gout dans la bouche d'assister à ça.
Et quelque part ça me fait peur. Le lynchage n'est pas loin.
Mais le pire c'est de savoir que ce déferlement émotionnel ne durera que quelques jours avant que la foule ne passe à autre chose, tout aussi émotionnel mais autre.
Et quand la récupération politique s'invite en plus dans tout ça ... ça fout vraiment la gerbe.