Intuition
Il y a des soirs comme ça où je déteste mon intuition.
Je hais cette petite voix qui me hurle dans la tete un truc alors que rien ne le prouve.
Mais à force de chercher et de fouiner je découvre que j'ai raison.
Je ne sais pas ce qui aurait été le pire : découvrir qu'on a raison quand on voudrait tellement avoir tort ou l'avoir appris par hasard sans se douter de rien avant.
Finalement ce qui va suivre parlera à peu de monde.
Cette blessure ne sera que la mienne.
J'ai coutume de dire qu'internet c'est comme le monde "réel" (si quelqu'un voulait bien m'inventer une autre expression j'en serais bien aise) : il y a des gens biens, il y a des tarés, il y a des cons. Il y a des gens qu'on apprécie et d'autres avec qui le courant ne passent pas ... voire qu'on déteste carrément des fois.
Oui internet c'est comme le monde réel ... on y vit ... on y meurt aussi.
Olivier qui me lisait depuis 2 ans, est mort.
Tous les jours je suis confrontée au fait que nous ne sommes rien, que demain nous pouvons nous réveiller et que le monde se soit écroulé autour de nous en nous enlevant tout ce et ceux que nous aimons. Tout ce que nous chérissons.
Mais on croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres. On espère guider le mauvais sort ailleurs. Mais toutes nos illusions ne peuvent rien contre la vie.
Je sais qu'il n'était pas forcément apprécié de mes autres lecteurs habituels ... Tenant de la "doxa" écologique, un peu bizarre, qui s'enflammait sans qu'on sache pourquoi des fois, qui s'était accroché avec pas mal de monde oui.
Mais j'avais de l'affection pour lui.
D'une fidélité sans faille, toujours à penser à ces petites dates qui me tiennent tant à coeur, je crois qu'il s'intéressait vraiment à moi et il avait pris le temps de m'apprendre plein de choses. En tout cas sur la photo il m'a tout appris et c'est grace a lui que vous me faites plein de compliments sur mes photos du lac.
Deux ans en temps de blog c'est une éternité.
Deux ans en temps de vie c'est si peu.
J'ai des centaines de mails de lui qui remplissent ma boite, autant de fragments de vie. De sa vie.
Le dernier il me l'a écrit fin aout, pour me dire que ce billet l'avait énormément blessé et m'informer qu'il partait en vacances quelques jours, que je ne m'inquiète pas de son "absence" loin du net, pour "mieux nous retrouver le 18 septembre"...
Il est mort 3 jours plus tard.
Et je ne l'ai pas su.
Dans tous les mails que j'ai eu de lui, il y en a un avec une photo de sa famille, et leurs prénoms au dessous.
Je ne l'ai jamais vu en vrai, pourtant de tous les gens croisés sur le net, il était celui qui habitait le plus près de chez moi.
Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, je ne le saurais sans doute jamais.
Je suis cette part de nos vies que beaucoup d'entre nous cachons à notre entourage.
J'étais sans doute un fantome, un murmure pour ceux de sa vie "réelle".
Il va rejoindre cette liste de gens trop nombreux pour qui j'allume une bougie les soirs de Noel.
Il n'aurait pas du mourir.
Pas à 53 ans.
Mais on meurt aussi sur internet.
Et ça fait aussi mal que dans la vraie vie.
(Finalement en écrivant cet article je n'en étais pas si loin ... )